Alors que le pays est secoué par diverses crises, le président guinéen ne cesse d’étonner par ses interventions. Lors de sa rencontre avec la Société civile, Alpha Condé s’en est pris à la Constitution guinéenne qu’il qualifie de « plus mauvaise au monde ». Des mots que déplorent certains hommes de Droit.
Pendant que tous les Guinéens attendent de boucler le cycle de crises, le Chef de l’État en rajoute une couche à leur surprise. Devant plusieurs représentants de la Société civile, Alpha Condé n’a pas mâché de mots contre la loi fondamentale de son pays. « La constitution guinéenne est la plus mauvaise au monde. Elle a été mal faite et ne ressemble à aucune constitution au monde, …». Le lexique du président était densément riche et varié.
Pour certains juristes, Alpha Condé aurait fait une erreur en disant cela. C’est le cas de Maître Naby Camara, juriste et professeur de Droit constitutionnel. «C’est une grande incartade de la part du président de dire que notre constitution est la plus mauvaise au monde. J’étais vraiment dans un autre monde quand j’ai entendu ces propos. Parce que si nous prenons l’histoire constitutionnelle du pays, presqu’on a connu trois constitutions. La première de 1958 à été amendée en 1982 pour renforcer le pouvoir du parti unique à l’époque. Donc après ce régime, Lansana Conté a pris le pouvoir. Et avec les conditions de la conférence de la Baule, il fallait quitter le socialisme pour le capitalisme afin que nous puissions bénéficier de l’aide extérieure notamment de la France. C’est ainsi qu’en 1990 une nouvelle constitution a vu jour. Et la dernière est celle du 07 mai 2010 qui est davantage démocratique que celle de 1990. Cette constitution est élaborée probablement à l’image de celle de la France », explique le juriste avant d’ajouter que «certes, la constitution n’est pas standard. Elle doit ou peut être améliorée autant que la nécessité se présente. Mais il faut soutenir que notre constitution actuelle est très appropriée. Le problème est qu’on ne la suit pas pour gouverner. Sinon de l’article 1 à celui de 162 de notre constitution, chaque institution trouve son rôle et c’est déterminé comment la gouvernance doit se passer. Donc je pense que si on doit revoir cette constitution, il faut plutôt travailler sur le côté Séparation des pouvoirs afin que les institutions soient davantage autonomes, que le pouvoir puisse arrêter le pouvoir en cas d’abus et adapter un peu plus le texte à nos valeurs. Sans quoi notre constitution actuelle est parmi les meilleures au monde. Parce qu’elle repose sur des bases démocratiques et non dictatoriales ».
Gassime Fofana