Edito : négocier, c’est savoir garder pieds sur terre (Par I S Camara)

C’était le voeu de tous ou presque. Alpha Condé à finalement rencontré le syndicaliste Aboubacar Soumah et sa troupe ce mardi. Un comité de négociation à été mis en place pour détendre l’atmosphère et trouver un consensus autour des points de revendications des enseignants.

 

La désescalade. Après deux semaines de fièvre qui a plongé le système éducatif guinéen dans le coma, le président Alpha Condé a finalement accepté d’écouter les syndicalistes et leurs desiderata. Deux heures d’horloge pour ceux qui avaient regardé leurs montres, une éternité pour ces milliers d’enseignants qui n’avaient d’yeux et d’oreilles rivés que sur Sékoutoureyah.

C’est donc au sommet de ce palais cerné de marbre et témoin insatiable des multiples parades d’acteurs politiques et sociaux que la fumée blanche à jailli, toujours aussi attendue mais cette fois avec un brin de suspense et une dose d’espoir. Si l’image qui a attiré et retenu les attentions reste cette poignée de main virile mais crispée entre Alpha Condé et Aboubacar Soumah, la grande trouvaille aura été la mise en place d’un comité de négociateurs avec d’un côté quelques représentants du gouvernement prêts à plaider la crise financière et de l’autre Aboubacar Soumah et sa troupe, décidés à montrer une fois encore qu’ils ne sont pas syndicalistes à s’incliner avec élégance. Ce sont donc deux camps aux intérêts et aux arguments jusqu’ici antagoniques qui vont s’affronter dans un duel où les rapports de force élèvent les syndicalistes sur le piédestal. Le combat d’idées s’annonce houleux et la pression à son comble.

Au moment où chaque équipe affûte «armes» et «munitions», l’observance de la retenue et du compromis sans a priori doit, elle, guider la parole et raffiner les actes. Tous doivent privilégier l’avenir des enfants de Guinée en ne restant pas figés sur des positions mesquines. Chacun doit regarder les réalités de l’autre en face et poser les pieds sur terre.  Les syndicalistes ont leur vérité : leurs conditions de vie s’émoussent  comme neige au désert alors que les pratiques présumées de corruption et de détournement ne permettent pas qu’on remplisse leur vase.  Le gouvernement a sa vérité : les ressources financières ne sont pas nombreuses pour satisfaire immédiatement l’augmentation exigée par les enseignants. Alors comme dans toute négociation, tous doivent savoir concéder et progresser vers une zone d’accord mutuel qu’ils auront définie et décidé d’atteindre. Il ne devra plus être question de réclamer plus pour gagner plus mais bien nécessairement de demander moins pour obtenir plus.

Le ton, le bon, vient d’être donné par le Chef de l’Etat qui, après des moments de tergiversations, s’est résolu finalement à dompter son «orgueil» et à discuter avec les contestataires. Prouvant ainsi qu’il n’y a pas de désaccord insurmontable mais juste des malentendus parfois mal éclairés. Le jeu en vaut en tout cas la chandelle et c’est là d’ailleurs tout l’enjeu des négociations qui s’ouvrent au chevet de l’école guinéenne. Des négociations dont la réussite constituera une belle claque appliquée à toute volée aux semeurs de discorde. Mais pour y arriver chacun devra d’abord savoir raison garder car comme l’a écrit l’autre, «Oui, pour réussir ses négociations, il vaut mieux s’asseoir côte à côte plutôt que face à face car l’épreuve de force n’est pas une fatalité».

Camara Ibrahima Sory

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