Dix jours après, les Guinéens attendent les derniers résultats des élections communales. La Commission électorale nationale indépendante procède à la proclamation au compte-gouttes alors que les acteurs de la société civile dressent le bilan de ces scrutins qui n’auront pas comblé les attentes. Morceaux choisis.
Amadou Tidiane Barry, membre de l’Observatoire guinéen pour des élections libres et transparentes (OGELT)
«Ces élections locales, c’est comme si elles ont surpris tout le monde alors qu’elles avaient été annoncées depuis longtemps. Malgré tout, la tenue du scrutin nous a montré que les acteurs n’étaient pas préparés. La preuve en n’est que les démembrements de la CENI ont eu toutes les difficultés au monde le jour du scrutin. En plus, comment on peut comprendre que 8 jours après les élections, on n’a même pas le taux de participation au niveau national ? C’est trop grave. Donc cela prouve que les gens ne se sont pas préparés. Mais pour moi, c’est la faute à la CENI, mais aussi aux acteurs politiques. Puisqu’il est écrit que les résultats provisoires doivent être proclamés 48 heures après le vote, les candidats ont 72 heures pour contester et le tribunal à 5 jours pour statuer sur le contentieux. Après le président de la CENI proclame les résultats définitifs. Mais quand on calcule, cela fait 10 jours. Donc en principe après 10 jours, la CENI devrait capable de publier les résultats définitifs. Il faut qu’on arrête de blaguer avec nos textes de loi. Mais ce retard est causé aussi par les partis politiques. Nous sommes au 21ème siècle. C’est inadmissible que les partis politiques n’aient pas confiance en la technologie. Dans les autres pays du monde, lorsqu’on vote, les résultats sont connus dès la fermeture des bureaux de Vote. C’est parce qu’ils utilisent la technologie. Ensuite il faut améliorer le code électoral après il y a des dispositions qui sont devenues maintenant vieilles. Pour décider de cela, il faut associer la ceni, ouvrir un dialogue à tous et que la CENI apprenne les bonnes stratégies ailleurs et qu’elle communique beaucoup.»
Abdoulaye Diallo (Conseil national des Organisations de la société civile de Guinée)
«Une perte en vies humaines est toujours très chère et très regrettable. On a mis des moyens pour que les forces de l’ordre assurent la sécurité avant, pendant et après les élections mais on a enregistré la défaillance à ce niveau. Parce qu’ il faut toujours que le mal soit fait pour venir en sapeurs-pompiers. Il fallait prévenir en termes de positionnement pour éviter qu’il y ait des pertes en vies humaines et des cas de vandalisme. On peut perdre des milliards, mais si on perd un être humain, cela creuse davantage le fossé entre les citoyens et laisse des traces qui vont rester aussi longtemps que possible. A cela s’ajoute la centralisation du vote qui a causé un sérieux problème avec les rumeurs, le manque de confiance entre les acteurs et des discours violents. Tout cela constitue des ingrédients pour allumer le feu. Il faut faire en sorte que les élections puissent renforcer la cohésion sociale mais pas diviser les Guinéens».
Propos recueillis par Gassime Fofana