Guinée : les vertus du service militaire, selon les enseignants, étudiants et anciens étudiants

A partir de 2018, la délivrance des diplômes d’études supérieures en Guinée sera subordonnée à la présentation d’un certificat de service militaire, notamment. Le retour de ce type de formation dans les programmes d’enseignement supérieur a été annoncé il y a quelques jours par le ministre Yéro Baldé. Et contrairement à  beaucoup de personnes qui estiment que c’est une perte de temps et d’efforts, d’autres voient en cette mesure des vertus incontestables. 

C’est lors de la présentation de son bilan que le ministre de l’enseignement supérieur, Yéro Baldé, a annoncé le retour du service militaire dans les universités de Guinée à partir de 2018. Une perspective que la plupart des étudiants que nous avons rencontrés saluent. « Vu la situation actuelle de notre pays surtout au niveau de certains corps habillés de la police et de la gendarmerie, il faut saluer cette décision. Dans la mesure où cela va permettre aux autorités dorénavant d’intégrer dans l’armée les personnes instruites et formées quand il y a la nécessité« , estime Mamady Doumbouya, étudiant en licence 2 Géographie à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia. Une ligne défendue également par Alpha Oumar Barry, professeur de Droit constitutionnel. « L’armée doit être constituée d’intellectuels surtout la police et la gendarmerie. Ce sont des corps qui demandent des cadres instruits et éduqués. Alors cette décision, si et seulement si elle est appliquée dans l’art de la transparence, va permettre aux autorités d’intégrer dans l’armée non pas des délinquants, mais des intellectuels. Parce que j’ai constaté une chose en Guinée, si un enfant devient délinquant, on dit il faut l’intégrer dans l’armée et en général, ce sont ces gens-là qui arnaquent les pauvres citoyens qu’ils sont censés protéger », explique-t-il.

Le retour du service militaire dans les universités est,pour ceux qui en ont bénéficié par le passé, d’une importance capitale. « Au temps du président Ahmed Sékou Touré, nous avons bénéficié de cela. Tous ceux qui sortaient de l’université avaient une formation militaire appelée Commune de base. Et ces soldats-là, étaient des soldats en attente en cas de besoin de l’Etat. D’ailleurs, pendant l’agression portugaise, beaucoup de ces soldats ont participé à la défense du pays. Parce que tout le monde savait manier les armes et disposait de quelques notions stratégiques en termes militaires. Donc c’est important pour l’Etat d’avoir des soldats de réserve surtout de jeunes intellectuels« , témoigne Fodé Mansaré, ancien soldat. 

Des arguments qui tranchent donc avec la position de ceux qui soutiennent que l’Etat pouvait investir ailleurs notamment dans la professionnalisation des actuelles forces de défense et de sécurité. 

Gassime Fofana