Interview : « Notre souhait est  que le nombre de mariages augmente »

L’Etat civil. Beaucoup en parlent mais rares sont ceux qui appréhendent à leur juste valeur le sens et la portée de ce service public qui constate plusieurs faits en lien avec l’évolution de l’Homme. Nous avons tenté d’en comprendre les tenants et les aboutissants avec Kémoko Dioubaté, assistant gestionnaire au service de l’état civil de Matoto. Entretien.  

 

Ledeclic.info : Qu’est-ce que l’état civil ?

Kémo Dioubaté : l’état civil constitue le premier service public de l’Etat. La vie des hommes se résume à trois principaux points : la naissance, le mariage et le décès. Tous ces aspects sont gérés par l’état civil. C’est donc un fait social et juridique. 

Quelle est la place de l’état civile dans le développement ?

Je vous ai dit tout à l’heure que tout commence par l’état civil. Le premier passeport d’un enfant, l’enfant qui va grandir, qui deviendra ministre ou président de la République, il faut passer automatiquement à l’état civil. L’enfant quitte ainsi, s’il faut dire, l’état animal pour l’état humain. C’est-à-dire, on lui donne un nom et une filiation. Aussi, c’est à partir de l’état civil qu’on devrait définir les statistiques : nombre d’habitants, d’enfants qui doivent être scolarisés. Il s’agit là d’une question de statistiques qu’on devrait donner à l’Etat, ensuite parler au ministère concerné pour que les autorités sachent quels sont les données à prendre l’année prochaine, par exemple. Voilà en quelque sorte la place de l’état civil.

Justement, quelles sont les statistiques de cette année par rapport aux mariages, naissances et décès ?

Nous sommes actuellement ( à la date du 17 décembre 2017, Ndlr) à 2.339 mariages à Matoto. Pour des naissances, nous sommes à 7.000 déclarations au niveau des transcriptions. Parce que quand vous dépassez les 6 mois, vous devez avoir recours à la justice notamment au tribunal pour faire un jugement supplétif. C’est la loi qui vous l’autorise. C’est ce qu’on appelle transcription. Par rapport au décès, il faut oser le dire, les gens n’ont pas l’habitude de venir les déclarer, malgré les campagnes de sensibilisation que nous faisons. Avec trop d’émotion, avec des problèmes quand il y a décès, des personnes ne pensent pas au papier d’abord. Pratiquement, les gens n’ont donc pas le temps de venir déclarer. Ce qui fait  que pour les décès, ça ne marche pas trop.

Quelles sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés avec vos clients ?

 C’est la meilleure question. Nous avons surtout des problèmes avec les militaires. On met tout à l’eau parfois. Je vous donne un exemple. Tout récemment, on a arrêté un mariage. Imaginez. Il y a 32 mariages et 32 véhicules. Les véhicules qui les accompagnent, est-ce que la cour peut les contenir et recevoir les invités ? Alors quand les militaires viennent, ils ne respectent pas l’ordre interne de l’état civil. Les jeunes qui travaillent ici orientent facilement les clients selon les centres non occupés. Mais quand ils viennent, ils dépouillent l’ordre interne et s’imposent comme ils veulent. Donc notre gros problème actuellement ce sont les corps habillés confondus : policiers, gendarmes. Ce n’est pas pour rien que je respecte le Général Ibrahima Baldé. Il était parrain d’un mariage. Lorsque célébrait ce mariage, les amis sont venus pour manœuvrer le couple.  le Général a dit que cela n’est écrit nulle part. Ce n’est pas dans la formation. C’est pourquoi je suis très fier de lui. Je lui ai dit le mariage est un fait social, un jour solennel, sacré, rien que la joie. Mais les militaires, quand ils sont là, ils pensent que c’est la fin du monde, qu’ils sont au-dessus de tout. Alors quand on voit que ça ne va pas, on bloque. Il faut donc que ces militaires arrêtent. Ils doivent nous sécuriser et on doit avoir de bons comportements vis-à-vis d’eux. S’ils sont là, il faudrait qu’on sache que ce sont les hommes de la loi qui sont présents. La tenue que les militaires portent est sacrée. Mais quand vous profitez de votre tenue qui est sacrée pour semer des troubles, pour nous, c’est vraiment c’est regrettable.

Comment parvenez-vous à améliorer vos conditions de travail ?

Avec l’aide de la Commune. En vérité, la Commune fait son mieux. Il faut être reconnaissant. Parce que chaque année – petit soit-il- nous avons quelque chose d’elle pour améliorer notre édifice, par exemple. On nous aide à chaque fois que nous posons le problème. Ils viennent au secours. Parce qu’ils veulent le résultat. C’est la vitrine. C’est le seul service de la Commune. Donc quand il y a un problème, ils en font la priorité. Mais la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Parfois, quand ils ont des difficultés, on nous demande de s’autofinancer. Certes, ça peut un peu retarder après, mais la Commune est toujours là pour nous épauler.

Quelles sont les perspectives pour la nouvelle année ?

 Notre souhait est  que le nombre de mariages augmente. C’est pourquoi, nous avons décoré le bâtiment afin d’inciter les jeunes célibataires à venir construire leur vie pour ne pas qu’ils soient en retard. Parce que quand on est jeune, c’est le moment de faire des enfants et de grandir avec eux. Donc en 2018, on voudrait aménager la cour afin que les personnes qui viennent puissent siéger confortablement, sans problème. Nous voulons ensuite exploiter les espaces qui sont dans la cour pour ceux-là qui viennent accompagner les couples. On veut aussi rajeunir les personnels et créer des conditions pour aider les personnes qui veulent se marier. Mais je voudrais terminer en demandant aux parents de venir déclarer les enfants à l’état civil. Enfin, à ceux qui n’ont pas le courage, ils n’ont qu’à venir. Il y a la facilité de se marier actuellement à l’état civil.

Propos recueillis par Gassime Fofana

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