Au moment où les journalistes célèbrent la journée internationale de la liberté de la presse, les réflexions doivent se porter sur les conditions de travail des journalistes en Afrique et particulièrement en Guinée. Malgré quelques avancées enregistrées ces dernières années dans la promotion et le respect de la liberté d’expression dans le pays, de gros efforts restent encore à fournir pour sortir la profession de l’ornière.
C’est un constat qui crève les yeux. Les autorités guinéennes peuvent se targuer de n’avoir pas de journalistes dans leurs geôles. Mais l’autre constat aux antipodes du précédent reste que ces journalistes sont toujours confrontés aux difficultés dans l’exercice de leur métier. Harcèlement, isolement et reportages dictés sont autant de faits qui ne favorisent pas le plein épanouissement des hommes de médias dans le pays. « Certains journalistes renoncent parfois à des rédactions parce qu’on leur impose des reportages précommandés par des institutions. Donc pas de liberté dans la mesure où le reportage du journaliste est orienté, géré par celui-là même qui le demande », regrette Amadou Oury Diallo, Journaliste Reporter d’Images à Conakry. Le confrère pointe aussi le manque professionnalisme qui prévaut dans certains médias guinéens. « Il y a de ces confrères qui font qu’aujourd’hui cette liberté n’est pas prise au sérieux parce qu’ils se permettent de raconter des choses en tenant compte des bords politiques ou des intérêts personnels. Ce qui est contraire à l’éthique et à la déontologie du métier de journaliste. »
La main qui donne, la main qui commande !
Pour Aliou Diallo, Rédacteur en chef de la radio 7/7 Fm, la liberté de la presse est reconnue par l’ensemble des conventions qui régissent les droits de l’Homme et le fonctionnement des Etats. ‘’ Mais aujourd’hui dans beaucoup d’Etats, il y a des restrictions par rapport à la liberté de la presse’’, déplore le journaliste. Ajouter à cela, le fait que la plupart des rédactions en Guinée ne parviennent pas encore à mettre leurs journalistes à l’abri du besoin et de la tentation. « Les journalistes guinéens où qu’ils se trouvent, n’ont pas toute la possibilité de donner les informations vraies dans la mesure où ceux-là mêmes qui donnent ces informations les accompagnent économiquement, » déplore-t-il. Pour lui, le journaliste doit être bien traité, placé dans un environnement optimal de travail pour lui garantir un minimum d’indépendance et de liberté. « Mais si vous êtes journaliste dans un organe de presse, le patron ne fait pas de contrat avec vous, vous volez de vos propres ailes, on ne saurait parler de respect de l’éthique et de la déontologie ou d’impartialité dans le traitement de l’information. »
Pour nos confrères, la liberté de la presse ne se résume pas uniquement au fait d’avoir ou pas de journalistes prisonniers ou empêchés de s’exprimer dans un pays. La liberté de la presse commence, selon eux, par la mise à disposition des moyens matériels et financiers qui permettent aux hommes de médias de bien jouer le rôle de « chiens de garde » dans une démocratie et de vecteurs de développement dans la société.
Gassime Fofana