Depuis plusieurs années, le président guinéen, Alpha Condé, multiplie les voyages à l’Etranger. Un geste diversement apprécié dans le pays. Beaucoup, comme le président du Conseil national des Organisations de la Société civile de Guinée, voient en ces voyages incessants une manière de rafraîchir la diplomatie guinéenne. Ils nuancent tout de même la portée de ces multiples déplacements du patron de Sékoutouréyah.
Relancer la politique extérieure de la Guinée, soif de voyager ou fuir les crises dans le pays. Les jugements autour des voyages d’Alpha Condé sont légion dans son pays. « Convenez avec moi que la diplomatie guinéenne s’était affaissée, c’est-à-dire que la Guinée n’était pas présente dans les grandes organisations internationales, aux grandes rencontres internationales. Alors je pense qu’une partie de ses déplacement serait liée au réchauffement de cette diplomatie; l’essentiel du boulot qui pourrait être fait par un bon ministre des Affaires étrangères ou par le premier ministre », estime le président du Conseil des Organisations de la Société civile de Guinée. Même si certaines personnes pensent que les déplacements du président guinéen nécessitent des sommes colossales, Dr Dansa Kourouma soutient que ces voyages ont insufflé une nouvelle dynamique à la Guinée. « Il y a des opportunités qui sont saisies qu’on ne doit pas occulter. Mais en tout état de cause, ce n’est pas le chef de l’Etat seul qui doit être au niveau de la scène internationale », rappelle-t-il.
Depuis 2010, les premiers ministres guinéens sont rarement associés à la politique extérieure du pays. Selon Dr Dansa Kourouma, il y a un PM, chef du gouvernement, il y a un ministre des Affaires étrangères. Ceux-ci doivent également épauler le président dans les voyages. «J’estime que le président de la République doit faire confiance à son premier ministre qui doit faire ses preuves à l’Etranger. Parce que le premier ministre guinéen est caricaturé négativement. Les Guinéens ne connaissent pas le plus souvent le potentiel dont il dispose parce qu’il y a une sorte d’ombrage, d’obstruction qui l’empêche de faire prévaloir ses compétences. Sans quoi, il est suffisamment bilingue et il a étudié dans les grandes universités occidentales. Il ne pourrait pas avoir le complexe d’aller négocier les grands accords pour ce pays », soutient-il.
De la nécessité pour Alpha Condé de bien lire la réalité sociale de son pays !
« Il ne faut pas occulter le fait que la Guinée est un pays qui est constamment en crise. Alors nous avons l’impression que tout va cesser du jour au lendemain, que les fondements de la nation peuvent s’écrouler d’un moment à l’autre à cause de la récurrence des crises et des contestations, surtout du manque de mécanisme national et d’institution de médiation et de dialogue qui permettent de prévenir et de trouver des solutions à ces crises-là », explique le président du Conseil national des Organisations de la Société civile de Guinée.
Pour lui, le Chef de l’Etat doit donc avoir une lecture cohérente de la situation à travers les analyses faites par ses collaborateurs qui lui doivent une obligation de constance et de professionnalisme. C’est après cette analyse réelle de la situation qu’il devra se décider à voyager ou pas. « Les membres du gouvernement passent et quand le président n’est pas là, rien ne peut être fait. La manifestation qui vient de prendre fin nous a permis de comprendre ce dilemme. La situation s’est décomposée parce que personne n’a la capacité de s’engager dans les négociations formelles avec les partenaires sociaux. Tout le monde attend le chef de l’Etat », déplore Dr Dansa Kourouma.
Gassime Fofana