Dans la première partie de cette analyse, nous sommes revenus sur les préalables à la réussite de la professionnalisation du championnat guinéen de football. Dans cette dernière partie, nous allons braquer nos projecteurs sur les conditions que la ligue guinéenne de football professionnel devra remplir pour attirer plus d’adeptes : supporters, mécènes, sponsors et donc rentabiliser le championnat. (Par Hamidou BAH, Chargé de la commande publique, Consultant international, Spécialiste en géopolitique)
B- RENTABILISER LE CHAMPIONNAT PROFESSIONNEL GUINEEN, UN OBJECTIF A ATTEINDRE
Depuis près de dix ans, on remarque un soudain intérêt des certains hommes d’affaires guinéens pour le ballon rond. Si d’aucuns ne pensent qu’à se remplir les poches par le biais des subventions accordées aux clubs, d’autres nourrissent de réelles ambitions de construire des équipes compétitives sur le plan continental.
- LA MEDIATISATION DE LA LIGUE 1
Rendre attrayant le championnat national implique une visibilité. Autrement dit, à l’heure où les médias et les réseaux sociaux inondent toutes les sphères de la société, passer par ces canaux pour attirer le public dans les stades reste le moyen le plus adéquat. Il est vrai que toute comparaison avec les pays occidentaux serait une farce mais mettre en place des droits télés pour diffuser le championnat serait une source des revenus pour les différents clubs du championnat.
Bien que certains luttent contre le « sport business », l’argent reste indissociable du sport en général et du football en particulier. Il en est peut-être même le premier facteur de réussite et de succès.
En mettant en place des droits TV d’un côté et d’une instance de contrôle des budgets de l’autre, (une Direction Nationale du Contrôle de Gestion sur le modèle français), le championnat de football professionnel guinéen tirerait son épingle du jeu dans le domaine financier.
- LE SPONSORING
Nombreuses sont des entreprises qui misent sur le sponsoring. Le football illustre parfaitement ce cas et est particulièrement visé par les entrepreneurs. Mais d’où peuvent bien provenir les raisons ayant provoqué cette tendance ?
Le sponsoring sportif (à ne pas confondre avec le mécénat), est avant tout un outil marketing regroupant l’ensemble des moyens qu’il vous est possible d’utiliser pour soutenir un évènement sportif professionnel ou amateur. Vous l’aurez compris, l’idée est de soutenir un match et/ou son équipe (ou un joueur selon les sponsors), réel ou non, celle-ci attend un soutien sous forme d’argent, de biens ou par la réalisation de certaines prestations de services. Mais comme une relation marche dans les deux sens, par le biais d’un contrat signé, vous obtenez une visibilité. Celle-ci varie selon votre investissement. En d’autres termes, plus vous donnez, plus vous serez vu.
Les autres avantages du sponsoring
Il permet d’associer son image de marque à celle du sport sélectionné : les valeurs attribuées à l’évènement sont, en général, accordées à l’entreprise. Plus globalement, l’entreprise se retrouve liée aux valeurs sportives, souvent conçues comme positives. On retrouve également des valeurs de performance dans la compétition, des valeurs de dépassement de soi ainsi que l’esprit d’équipe dans certains cas.
D’un point de vue fiscal, dans le respect des conditions auxquelles elles sont rattachées, les dépenses de sponsoring sont, en général, déductibles des revenus imposables.
Il existe trois types de sponsoring : Le sponsoring de notoriété, le sponsoring d’image et le sponsoring de crédibilité.
Le sponsoring d’équipe permet de choisir son équipe en fonction de sa zone de chalandise. Par exemple, avec une cible qui n’est pas nationale, il est plus intéressant de s’adresser à un club local et ainsi de développer un sponsoring de proximité. En revanche, avec une cible nationale, voire internationale, il est plus judicieux de miser sur une équipe qui possède ce type de rayonnement.
Dans le cas d’un sport retransmis à la télévision, le sponsoring peut s’avérer rapidement payant si l’audience est au rendez-vous lorsque l’équipe en question réalise une performance ou est particulièrement appréciée du public.
- LA BILLETERIE
L’une des sources de revenus d’un club de foot reste à n’en pas douter l’affluence dans les stades. Plus les stades sont pleins, plus les retombés financiers sont importants. Néanmoins il ne faut pas se leurrer car en Afrique en général et en Guinée en particulier, les supporters sont des vrais passionnés mais rares sont ceux qui ont la volonté d’aller au stade par manque de moyens de se payer le billet notamment.
Il faut donc mettre en place un système de mobilisation qui pousse les supporters à aller au stade en mettant en place des billets accessibles aux plus démunis. Une fois cette phase terminée, la suite sera de bien gérer les recettes issues de la vente des billets qui seront intégrées dans le budget des clubs.
- LES SUBVENTIONS
Pour permettre aux clubs d’avoir une manne financière importante, la fédération, l’Etat mais aussi la ligue doivent chacun dans sa compétence subventionner les clubs de l’élite mais aussi ceux des championnats inférieurs. Il faut souligner que la solidité financière d’un club lui permet de s’attacher des meilleurs joueurs et donc espérer de bons résultats.
La ligue se doit de mettre en place une sorte de salaire minimum d’une part en deçà duquel, aucun club professionnel ne doit payer un footballeur. Cette clause permettra d’éviter la précarité des joueurs et elle est une source de motivation supplémentaire pour booster les performances des joueurs. D’autre part, il est important de surveiller les finances des clubs, car un club ne doit pas vivre au-delà de ses moyens, cela va permettre à ceux-ci d’avoir une assise financière solide qui va leur permettre de déposer le bilan et ainsi disparaitre.
- L’ATTRAIT DES EXPATRIES
Ce projet au demeurant révolutionnaire pour le sport roi en Guinée avec l’arrivée de plusieurs joueurs et entraineurs expatriés, permettra de tirer le championnat vers le haut mais aussi à l’équipe nationale de remporter avec ses joueurs locaux, des compétitions continentales et de renforcer l’équipe sénior. Il faut toutefois mettre des garde-fous quant au recrutement abusif de joueurs et de techniciens étrangers au détriment des locaux. Le spectacle est bien, les rentrées d’argent sont plus que souhaitables pour les acteurs du foot, mais faut-il le faire pour autant au détriment des intérêts nationaux ? La question reste posée car selon de quel côté où on se place, ce dernier aspect reste sujet à contradictions.
Il faut souligner aussi que le retour d’anciens professionnels en manque de temps de jeu ou sans club d’Europe ou des autres championnats de par le monde est un facteur incitatif pour les supporters d’aller au stade. Et qui dit stade plein, dit rentrées d’argents.
CONCLUSION
Il est absolument nécessaire que les dirigeants de clubs prennent conscience des opportunités qu’offre l’exploitation de leur stade et qu’ils les saisissent. Le stade ne doit pas uniquement être perçu comme un mal nécessaire pour pouvoir jouer au football mais comme un réel atout générateur de recettes supplémentaires. Il est dès lors primordial d’investir non seulement financièrement mais également en temps et en personnel dans le développement des infrastructures guinéennes. Constituer une équipe professionnelle dédiée à la gestion des stades, au développement de ses activités et à la mise en place de nouvelles initiatives doit ainsi être une priorité des dirigeants de clubs.
Par ailleurs, en termes d’exploitation, les clubs qui auront l’idée d’être propriétaires de leurs stades disposeront d’un avantage certain par rapport à ceux qui en sont locataires. Ces derniers devraient peut-être envisager d’acquérir ou de construire leurs propres enceintes s’ils ne veulent pas accumuler un retard trop important sur leurs homologues.