Cette semaine, le président guinéen, Alpha Condé a présidé la présentation de la maquette du schéma directeur d’aménagement de Kaloum et des îles de Loos. La réalisation de ces infrastructures nécessiterait un récasement des populations afin de démolir les habitations actuelles et de construire des logements sociaux. Si cette annonce est saluée par certains, d’autres par contre disent ne pas être prêts à se soumettre à cette volonté présidentielle.
Depuis un certain temps et peut-être depuis le passage du président turc à Conakry, le projet qui consiste à ré-urbaniser et moderniser Kaloum plane dans l’air et se place au centre des intérêts des décideurs. C’est ainsi que l’Etat et les partenaires privés sont maintenant déterminés à réaliser ce méga projet. Le projet se déroulera en trois étapes. La première à court terme de 2017 à 2020 sera consacrée à l’aménagement de quelques voiries urbaines. La deuxième étape se déroule à long terme de 2020-2030 et la dernière est de 2030 à 2040. Mais comme on le dit souvent, «on ne peut faire des omelettes sans casser des œufs ». La réalisation de ce projet nécessite le déplacement des habitants de Kaloum vers un autre lieu afin de construire des logements sociaux. Selon Alpha Condé, ces citoyens auront des appartements après la réalisation du projet. Une promesse présidentielle qui est saluée par certains citoyens de Kaloum. C’est le cas de Fatoumata Bangoura, habitante de Kaloum depuis 1998 . « Vraiment c’est une bonne initiative engagée par le président. Comme il a dit qu’ils vont détruire nos maisons, ensuite construire des immeubles et enfin, qu’on aura des appartements au sein de ces immeubles. Vraiment, c’est une bonne chose », apprécie cette mère de 5 enfants, qui reconnait que «nos maisons qui sont là ne sont pas des maisons d’une vraie capitale. Mais on n’a pas les moyens pour améliorer leur état. Donc si les autorités décident de changer ce que nous n’avons pas pu faire, c’est à saluer ».
Par contre, cette promesse présidentielle ne semble pas rassurer d’autres habitants qui ne comptent d’ailleurs pas céder. C’est le cas d’Almamy Babara Soumah, ancien fonctionnaire d’Etat. « Nous sommes dans nos maisons depuis plusieurs années. Et ce n’est pas un jour qu’on va nous faire sortir, commente le retraité. Plusieurs promesses ont été faites par le gouvernement à l’endroit de la population dans ce pays, mais en vain. Qu’est ce qui nous garantit alors que le président tiendra promesse ? » se demande-t-il avant d’ajouter : « en tout cas moi, je ne pense pas si je vais me soumettre à une simple promesse parce que c’est le président qui le fait. Je ne suis pas contre ce projet. Parce que ce projet devrait être réalisé il y a environ 70 ans de cela. Mais si on doit quitter nos terrains et maisons pour construire des immeubles, il faudrait qu’on ait des papiers dûment signés qui certifient qu’on aura des appartements dans ces immeubles et sans condition. Parce qu’il n’est pas exclu qu’après la réalisation de ces immeubles, l’Etat nous demande de payer les frais de logements et je crains qu’on perde la paternité de nos terres », explique-t-il.
Pour plusieurs citoyens de Kaloum, le gouvernement doit désormais davantage mieux communiquer sur les modalités et les conditions d’obtention des appartements après la construction des logements. Histoire d’éviter tout grincement de dents et des dépits dans les années à venir. Une consultation du grand public est prévue au Palais du Peuple dans ce sens. Elle devra durer quinze jours.
Gassime Fofana