Les Libériens seront aux urnes ce mardi 10 octobre 2017 pour élire leur nouveau président. Au moment où ce scrutin présidentiel se déroule, nous revenons sur ceux qui en sont les deux candidats favoris : l’actuel vice-président libérien et l’ancienne gloire du football africain.
1- Joseph Nyumah Boakai : Candidat du parti au pouvoir, Boakai est, à 72 ans,un vétéran de la politique libérienne. Il a été ministre de l’Agriculture dans les années 1980, avant d’accéder à la vice-présidence en 2006 sous l’étiquette de l’Unity Party (parti de l’Unité) d’Ellen Johnson Sirleaf. Considéré incorruptible, il n’a pas été trop éclaboussé par les scandales à répétition qui ont entaché la réputation de la présidente sortante, prix Nobel de la paix, mais il pâtit de la désillusion du petit peuple qui a vu le chômage et la pauvreté s’aggraver pendant les dernières années et aspire au changement. Sans grand charisme et surnommé « sleepy Joe » à cause de sa tendance à s’endormir pendant les cérémonies officielles, le vice-président tente de reprendre le dessus en donnant de l’espoir. D’où son slogan de campagne : « Our ma spoil it, our pa will fix it » (« notre maman a tout bâclé, notre papa va remettre de l’ordre »). Cette référence à la crise de gouvernance que le pays a connue sous son administration irrite la présidente sortante, qui ne serait plus en bons termes avec son vice-président. Elle n’a pas assisté au lancement de sa campagne. Son appel récent pour un « changement générationnel » a provoqué la colère d’Elen Johnson Sealeef.
2- George Weah : A 51 ans, cette ancienne star du football et le seul Africain à avoir remporté le Ballon d’or, est sans doute, le candidat le plus en vue du scrutin présidentiel libérien 2017. Immensément populaire dans son pays, Weah avait été battu par Ellen Johnson Sirleaf lorsqu’il s’était présenté pour la première fois en 2005. En 2011, il s’est retrouvé de nouveau sur le ticket perdant face au duo Sirleaf-Boakai. L’homme est persuadé que la troisième fois sera la bonne, d’autant qu’il a remporté avec 78 % des voix une élection sénatoriale importante en 2014 contre le fils de la présidente Sirleaf. Pour la présidentielle, il a fait campagne sur le thème du changement, proposant de répondre rapidement aux griefs et aux frustrations de la population victime de la crise économique qui n’a cessé de s’aggraver au cours des dernières années, alors qu’éclataient des scandales de corruption et de népotisme impliquant les proches de la présidente. Le sportif devenu homme politique de premier plan n’oublie pas de rappeler ses origines modestes ni son appartenance aux natifs du pays, historiquement dominés par l’élite formée des descendants d’esclaves afro- américains. Cette tension continue de structurer la vie politique libérienne. Les spécialistes estiment toutefois que l’alliance formée entre le parti de Weah, le Congress for Democratic Change (Congrès pour le changement démocratique), et le National Patriotic Party (Parti national patriotique) de l’ancien président Charles Taylor, condamné pour crimes contre l’humanité, est une erreur. Le ticket que le footballeur a composé avec Jewel Taylor, ex- épouse de l’ancien chef de guerre, ne risque-t-il pas de rappeler aux électeurs les terribles souvenirs de la guerre civile qu’ils croyaient avoir définitivement oubliée ?
Rendez-vous donc ce mardi pour en savoir davantage.
Naby Elma