Guinée – Etats généraux de l’Education : les acteurs jugent diversement l’annonce présidentielle !

Injecter du sang neuf dans le système éducatif guinéen, c’est le souci pour les acteurs de l’éducation et autorités guinéennes. Et pour y arriver, le Chef de l’Etat propose des états généraux de l’éducation. Une initiative qui ne fait pas l’unanimité des analyses. 

 

A l’occasion de la célébration hier de la journée mondiale des enseignants, le président Alpha Condé a annoncé l’impératif des états généraux de l’éducation. Une annonce qui sonne bien dans les oreilles de bons nombres d’acteurs de l’éducation. « Chaque structure a des problèmes. Et avant de résoudre quoi que ce soit, il est important que vous passiez par des rencontres, vous convoquiez des spécialités, tous les acteurs liés à ce domaine pour pouvoir réfléchir sur les aspects liés à ce domaine. C’est dans ce sens que le président a dit. Il comprend que les enseignants ont des problèmes. Il a même dit que l’éducation est malade, ça signifie qu’il faut se remettre en cause. Ce sera une occasion pour tous les enseignants, pour tous les partenaires de se retrouver et de discuter des problèmes réels qui minent l’éducation en Guinée», explique Dr Faya Pascal Iffono,  directeur général adjoint chargé des études à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) de Kountia. 

La problématique de l’amélioration du système éducatif en Guinée ne cesse donc de hanter les esprits.  Procéder à un diagnostic pour un meilleur lendemain pour ce secteur est plus que nécessaire. «C’est hyper nécessaire. Vous savez, en matière d’enseignement, on a connu certaines transformations. Depuis 2007 nous sommes dans le système LMD. Et beaucoup trouvent qu’il y a des problèmes. Alors comment il faut résoudre tous ces problèmes ? quand vous regardez en matière de recrutement des enseignants, quand vous regardez en matière de la formation des formateurs, quand vous regardez le traitement des enseignants, en matière de passage en grades y a toute une panoplie de problèmes. Donc c’est tellement hyper important que je trouve que l’initiative vient même en retard»,  ajoute Dr Iffono. 

Mais si cette annonce le contente, d’autres acteurs du système estiment qu’il faut savoir raison garder. « Certes cela a pris trop de temps, mais pour corriger un mal tout moment est propice. Sinon tout le premier mandat est passé, on n’a pu rien faire. Parce que ce n’est pas une seule fois qu’on fait les états généraux et d’ailleurs même sous feu Général Lansana Conté, il y en a eu mais ça n’a pas donné grand-chose», estime pour sa part Docteur Alhassane Makanera.  Pour lui, la refonte et la bonne marche du système éducatif guinéen prendront plus de temps qu’on ne le pense. « En réalité si on veut faire un véritable diagnostic au niveau de l’éducation guinéenne, ce n’est pas possible que cela produise des effets  au cours de trois ans. Parce que pour faire un véritable diagnostic, on ne doit pas s’asseoir dans un bureau climatisé,  créer une commission ou des commissions  de réflexion pour aboutir à des conclusions qui sont souvent théoriques et qui ne correspondent à aucune réalité du terrain. Ce n’est pas moins d’une année pour collecter et rédiger un rapport crédible et il faudrait une autre année pour étudier tout cela, encore plusieurs années pour que cela produise un effet. On ne peut pas reformer le secteur de l’éducation en Guinée sur une période de 5 ans. Il faut au moins pour l’enseignement général, treize ans et pour l’Université aussi, il faut plusieurs autres années », explique l’enseignant-chercheur.

Aliou Sanaya Diallo

 

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