Alpha Condé, président guinéen : «Les migrations comme le terrorisme ont comme base la pauvreté»

En visite officielle à Moscou, le président de la République de Guinée Alpha Condé a accordé une interview à RT France. Ses objectifs : lutter contre le terrorisme et l’émigration, et renforcer l’attractivité de l’Afrique. 

Alors que le président guinéen Alpha Condé s’apprêtait à rencontrer Vladimir Poutine et assister à un forum économique Russie-Guinée à Moscou, il a confié à RT France, le 27 septembre, ses dernières réflexions sur la sécurité et le terrorisme. Leur destin sera selon lui lié au développement économique de l’Afrique. 

«Aujourd’hui l’Union africaine est décidée à prendre la lutte contre le terrorisme en main»

Le chef de l’Etat guinéen, également président de l’Union africaine, revient pour RT France sur la création du G5 du Sahel, dont le but est de lancer une coopération militaire entre pays de la région pour lutter contre le terrorisme. «Nous avons besoin de la coopération de tous les grands pays que ce soit de l’Union européenne, des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie…», explique-t-il. «Par exemple, le G5 [du Sahel] a besoin de 400 millions d’euros, pour l’instant ils n’en ont trouvé que 58», annonce-t-il.

En jeu : restaurer la responsabilité de l’Afrique dans un problème qui la concerne au premier plan. «Aujourd’hui l’Union africaine est décidée à prendre la lutte contre le terrorisme en main, car les Casques bleus se sont avérés être un échec», déclare Alpha Condé. 

«Les migrations comme le terrorisme ont comme base la pauvreté»

«Les migrations comme le terrorisme ont comme base la pauvreté», juge également Alpha Condé. Selon lui, «on ne pourra jamais vaincre le terrorisme définitivement tant qu’on n’aura pas mis fin à la pauvreté.» 

D’après lui, la «bataille pour mettre fin à l’immigration» n’est rien d’autre que celle pour le développement économique de l’Afrique. Par conséquent, le chef d’Etat appelle l’Europe à collaborer à cette croissance salutaire à tous.

Le président guinéen, conscient des larges ressources minières et agricoles dont son pays dispose, admet qu’il doit améliorer la maîtrise de ses infrastructures dans le but de créer un marché commun africain, et résoudre le problème de l’électricité, à laquelle seulement 18% de la population a accès.

Le développement de l’Afrique en question

Dans cette volonté de renforcer le développement économique, Alpha Condé a évoqué son entrevue avec le président américain lors de l’Assemblée générale des Nations unies à la mi-septembre. «La rencontre avec [Donald] Trump a eu un avantage, c’est que les relations avec les Etats-Unis vont être basées sur les questions économiques et commerciales», se réjouit le dirigeant africain. 

L’Empire du milieu fait aussi partie de son plan : «Nous avons passé un accord stratégique avec la Chine portant sur 20 ans avec un financement de 20 milliards [de dollars] au moins.»

Quid de la France ? Alpha Condé mise sur la «nouvelle politique vis-à-vis de l’Afrique» promise par Emmanuel Macron. «Nous avons bon espoir qu’il va pouvoir changer la Françafrique pour des relations plus équilibrées mais renforcées», confie-t-il à RT France.

Le président guinéen rappelle également sa proximité avec la Russie, avec qui il souhaite renforcer les liens par un partenariat stratégique. Il précise : «Nous avons fait un forum avec des hommes d’affaires russes car nous souhaitons qu’il y ait beaucoup plus de sociétés russes en Guinée», faisant le vœu qu’elles puissent investir dans le pays.

Dès l’arrivée d’Alpha Condé à Moscou, Vladimir Poutine a signé un décret lui accordant l’Ordre de l’amitié, un honneur de l’Etat russe. Une manière de célébrer la coopération entre les deux pays qui remonte aux premières heures de l’indépendance de la Guinée en 1958.

RT France

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