Guinée : le calvaire quotidien des enfants albinos rappelle l’Etat à ses responsabilités

Etre enfant albinos en Guinée reste toujours un combat de tous les jours.  La recherche du quotidien pousse la plupart d’entre eux à se jeter dans les rues pour réclamer de quoi subvenir aux besoins de leurs familles. Devenus leurs propres sources de financement, ces enfants partagent leur quotidien entre les véhicules ou sur les trottoirs. Parfois à leurs risques et périls. 

 

Il est âgé de six ans. Chaque matin,  le petit Moussa fait sa petite toilette, prend son petit-déjeuner et se met en route pour chercher son pain du jour. Accompagné de quelques jeunes vendeuses, il s’arme de pull et d’un petit képi pour se protéger du soleil et entamer son activité quotidienne. Avec un regard innocent, Moussa court par-ci, par-là, derrière les personnes qu’il a repérées dans l’objectif d’avoir  500 ou 1000 francs guinéens. « Je cherche cet argent pour notre manger et pour ma crème de peau, affirme-t-il. Ma maman me confie à ces filles pour nous surveiller, le soir nous rentrons ensemble ». Ne pouvant s’attarder sur nos questions, le petit Moussa nous dirige vers ses tutrices. «Nous les amenons chaque matin sur ce pont. Le soir nous les ramenons. Ils le font pour soutenir leurs familles qui sont dans la pauvreté, en plus pour avoir de quoi se payer la crème pour  leur peau. Certains sont inscrits à l’école et d’autres non. Les surveiller est notre façon de les aider », lance l’une d’entre elles.

Comme Moussa, ils sont nombreux ces enfants albinos qui rêvent d’avoir des privilèges comme les autres enfants. Cependant, ils restent en marge de la société, souvent victimes de discrimination, d’abandon voire d’enlèvement à des fins de sacrifices ou encore exposés aux rayons de soleil, dangereux pour leur santé. Malgré la ratification par la Guinée de la convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989 et l’actuel code de l’enfant qui interdisent tout traitement qui nuit à la croissance, au développement physique et intellectuel de cette frange de la population considérée comme vulnérable ; ajouter à cela l’interdiction de la mendicité sous toutes ses formes, ces enfants s’exposent à tous genres de risques au vu et su des autorités compétentes. Pourtant, comme le stipulent chacun de ces textes précités, les enfants sans distinction aucune  ont droit d’être soignés, d’être protégés des maladies, d’avoir une alimentation suffisante et équilibrée,  d’aller à l’école, d’être protégés de la violence, de la maltraitance et de l’exploitation. Des droits qui rappellent l’Etat guinéen à son devoir ; l’Etat guinéen qui, avec le peu de résultats des campagnes de sensibilisation, devra changer de fusil d’épaule pour sauver ces enfants qui errent, au péril de leur vie, derrière une hypothétique pitance quotidienne.

Kadiata Thiam

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