L’éboulement survenu mardi à Dar-Es-Salam a marqué les esprits des citoyens de ce quartier de la haute banlieue de Conakry. Au lendemain du drame, les recherches se poursuivent sous les décombres alors que les populations ne décolèrent pas. Pour sa part, le président du Conseil national des Organisations de la société civile de Guinée estime que ce qui est arrivé est la preuve de la faiblesse des autorités guinéennes. Dansa Kourouma annonce l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités.
« C’est le symptôme même de l’incapacité du gouvernement à assurer les meilleures conditions de vie à sa population notamment celle de la ville de Conakry. Quand je prends l’urbanisation sauvage de la ville, on peut l’imputer en partie à l’imprudence et à l’incivisme de la population, mais la grande responsabilité revient au gouvernement qui est responsable du plan d’aménagement de la ville, le gouvernement et les collectivités locales« , tranche Dansa Kourouma, président du Conseil national des Organisations de la société civile de Guinée. Pour lui, si l’Etat est responsable de la sécurité de la population mais aussi de la prévention contre les maladies et les catastrophes, force est de constater que la présence de ces déchets depuis plusieurs années au cœur du quartier Dar-Es-Salam est un témoignage éloquent du manque de considération que les autorités affichent pour la vie des concitoyens.
Le président du CNOSC-G explique par ailleurs que bien avant de drame, la société civile avait fait preuve de sa fonction régalienne en attirant l’attention des autorités, mais en vain. « La société civile a, à plusieurs occasions, alerté l’opinion par rapport à l’insalubrité de la ville de Conakry. Cela nous a même amenés avec l’Union européenne et les partenaires à organiser une assise au cours de laquelle nous avons sorti un certain nombre de recommandations dont le déplacement de la décharge du Concasseur, l’aménagement et la mise à disposition de la ville de Conakry, de la décharge de Kabgelen. Le site qui a été identifié aujourd’hui n’a fait l’objet d’aucun aménagement et les citoyens qui ont été expropriés n’ont pas été recasés »,, déplore-t-il, avant de se demander : « dans un Etat qui dispose du budget national, un Etat où les ministres, les hauts cadres se permettent de construire des immeubles, des maisons, qu’est-ce qui empêche ce gouvernement d’aménager et de transférer des ordures dans un endroit où les vies humaines ne sont pas exposées? ».
En plus des décès consécutifs à cet éboulement, Dansa Kourouma explique que les Guinéens qui vivent à proximité de ces ordures sont en train de mourir à petit feu à cause de l’insalubrité. Pour lui, l’’assainissement d’une ville est le résultat de l’effort conjugué entre les collectivités locales mais aussi de la collaboration de la population qui doit faire montre de civisme et de responsabilité en ne jetant pas les ordures partout. Il est aussi, poursuit-il, de la responsabilité du gouvernement qui doit s’occuper de l’aménagement des décharges ou des dépotoirs dignes de nom mais en plus de travailler dans le cadre du recyclage des déchets. » Alors si ce système est défaillant, c’est la gouvernance même qui est défaillante d’une manière globale« .
En attendant, la Société civile compte ouvrir sa propre enquête dans les jours à venir afin de comprendre ces défaillances et de réclamer justice. « Nous nous déploierons les heures à venir pour la mise en place d’une commission d’enquête citoyenne. On va conjuguer les mêmes efforts avec l’institution nationale des droits humains pour qu’une enquête indépendante se mette en place pour situer les responsabilités d’abord. Ensuite identifier les victimes et chiffrer le bilan, les causes profondes, et de faire des recommandations pour que les sanctions soient prises contre les maillons du dispositif qui se sont montrés défaillants« , promet le président du Conseil national des Organisations de Société civile de Guinée.
Gassime Fofana