C’était attendu. La CENI a fait finalement son grand retour au comité du suivi des accords politiques de 2016 cela suite à plusieurs crises qui ont longtemps secoué l’institution. Un retour que certains leaders politiques apprécient alors que d’autres sont encore sceptiques.
» La CENI est une institution fondamentale quand il s’agit de l’application des accords du 12 octobre. Nous étions étonnés qu’elle soit absente en ce sens que cet accord, contrairement à ce que certains pensent, n’est pas l’accord de l’opposition républicaine, mais plutôt de toute la classe politique ainsi que les institutions qui ont participé au dialogue. Donc, le fait que la CENI soit retournée est une très bonne chose », se réjouit Alhousseiny Makanéra Kaké, porte-parole de l’opposition dite républicaine. Pour lui, le fait que la Cour constitutionnelle ait choisi un intérimaire pour ne pas qu’il y ait blocage au sein de cette institution est une des meilleures choses, parce que de nos jours, dit-il, le temps urge et cette décision permet qu’il y ait rapidement l’application de ces accords pour »nous permettre d’aller aux élections locales ».
Un avis partagé par Honorable Cheick Traoré de la mouvance présidentielle pour qui le retour de la CENI au comité de suivi des accords politiques est une réelle avancée dans le cadre de la gestion des prochaines élections en Guinée. » l’essentiel des accords politiques en question repose sur les questions electorales. Et en République de Guinée, l’institution en charge de l’organisation des élections politiques et du referendum est bien la CENI« , dit-il, tout en indiquant que quand, au sein de cette institution, il y a une crise, c’est tout le processus qui est totalement gangrené. »Il ne faut pas que des questions de leardership entre personne puisse freiner l’evolution et le fonctionnement des institutions republicaines« , ajoute-il.
Aliou Bah, du Bloc libéral, reste tout de même dubitatif. »On peut considérer que c’est une bonne chose quand les gens font des efforts » commence-t-il avant de poursuivre : »mais la question qu’on se pose est de savoir est-ce qu’’il y a une sincérité et une réelle envie de vouloir que les lignes bougent dans la bonne direction? » Comme preuve pour justifier ce scepticisme, Aliou Bah pointe les nombreux tracas et multiples rebondissements qui ont émaillé l’organisation des précédentes élections en Guinée. Pour lui, la main du Gouvernement se cache derrière ces retards et chaque acte posé reflète un calcul politique. »L’opposition a toujours estimé que s’il y a des blocages. C’est Alpha Condé qui les organise donc il se met dans le blocage à chaque fois qu’il est mis sous pression, alors qu’en réalité, il fait diversion. Parce qu’en 2012, c’est comme ça nous avons vécu la démission voilée de Lounceny Camara, qui a été ensuite récompensé par un poste ministériel dans le gouvernement d’Alpha Condé ». Selon lui, Bakary Fofana a terminé aussi son agenda et »on donne l’impression que c’est une crise pour organiser son départ, faire diversion et replacer d’autres pions qui vont exécuter l’agenda caché du président de la République. Donc ce n’est pas sérieux » regrette Aliou Bah.
Pour sortir la CENI de sa léthargie et des conflits récurrents de leadership qui la minent, Aliou Bah prône un dialogue sincère et constructif. » Les hommes politiques, les acteurs de la société civile doivent remettre le débat sur la table et concevoir quelque chose qui pourrait nous faire avancer. Car il ne suffit pas seulement d’avoir des ressources humaines qui composent une institution, il faut avoir un modèle adéquat qui s’adapte à nos spécificités », propose-t-il.
Gassime Fofana