Bintou Sacko est conseillère de municipalité au sein de la délégation spéciale de Manéah. Elle oeuvre activement dans le cadre du respect des droits des femmes et des enfants et reste politiquement engagée pour le développement de sa localité. Dans cette interview au declic.info, elle donne son point de vue sur l’actualité sociopolitique du moment et propose ce qu’elle pense être du bien de tous les Guinéens.
Bonjour madame Bintou SACKO !
Bonjour monsieur !
Madame la situation sociopolitique reste crispée, les élections locales retardent, le ton monte à la CENI et les manifestations sont projetées par l’Opposition dite Républicaine. Quelle est votre appréciation ?
Je vous remercie d’abord de m’avoir donné l’opportunité d’apprécier cette vision sociopolitique de la Guinée. A mon analyse personnelle, je dirais qu’engager des élections maintenant là, ça va être difficile. Par ce qu’il y a discordance de part et d’autre. Et pourtant une élection doit être préparée, de sorte que les résultats qui vont en découler soient acceptés par tout le monde. Il faut donc qu’on s’entende surtout au sein de la CENI. Si la crise qui mine l’institution en ce moment ne trouve pas sa solution, ça va retarder les élections. La question posée au niveau de la CENI, c’est un problème juridique. La loi est là pour départager les gens, il faudrait que cette loi s’applique de manière démocratique pour pouvoir lever ce désaccord qui sévit au niveau de la commission. Et après , il faudrait que les gens se rallient au chronogramme qui va être donné, sinon ça va être difficile de tenir les élections dans ces conditions.
Selon vous, pourquoi, malgré les efforts de conciliation et de nombreuses manifestations que le pays a connues, il y a toujours des crises répétitives en Guinée ?
Je pense que ce sont les intérêts que les uns et les autres défendent. Si on met l’intérêt personnel de coté et qu’on mette le développement du pays devant, je suis sûre que nous pouvons aller de l’avant. Mais en Guinée, ce sont des intérêts personnels qui dominent; personne ne veut dire la vérité. Et comme solution à tout cela, il faut qu’on applique la loi. Et le paradoxe est que si l’application de cette loi tape seulement l’intérêt de quelqu’un, il refuse de l’accepter. C’est ce qui nous fatigue dans ce pays. Il faudrait donc que nous acceptions de prendre la rigueur, sur chacun de nous les acteurs, pour le développement. Par ce que si nous nous basons sur des considérations personnelles, nous ne pouvons pas bouger et il faut que chacun puisse agir de son coté pour assumer sa responsabilité.
L’opposition compte manifester le 02 Août prochain, est ce que vous parte l’avis de ceux qui pensent, il ne s’agit pas de sortir manifester, mais plutôt être autour de la table de négociation ?
Je ne suis pas d’avis avec eux pour manifester, ils peuvent être autour de la table de négociation pour aboutir à un résultat accepté de tout le monde. Et pour ne pas être dans la rue. Nous savons qu’en Guinée tout le monde est fâché contre chacun, alors s’il y a manifestation, c’est le pire qui va se passer. Nous sommes des Guinéens, on est obligés de nous écouter. Donc je préfère qu’ils soient autour de la table de négociation jusqu’à trouver un consensus.
Si vous étiez conseillère du président de la République, que lui diriez-vous face à cette crispation du climat social et politique ?
Je dirai au président de la République d’écouter les gens qui veulent le développement de ce pays, les personnes qui veulent la marche de la Guinée. Parce que le président est parfois mal conseillé, d’aucuns disent, c’est vous qui acceptez ça, c’est sur vous que cela peut marcher, non ! il est là pour le peuple, ce que le peuple en majorité demande il n’a qu’à faire ça, ils seront d’accord. Ce pays-là appartient à tout le monde. Donc tant qu’il y a la vérité, y a la vraie démocratie dans la marche des choses, il n’a qu’à accepter. Mais qu’il n’écoute pas les gens qui ne lui donnent pas de bons conseils.
Merci
C’est moi qui vous remercie
Interview réalisée par Aliou Sanaya Diallo