02 Octobre : au-delà des mots, un devoir de mémoire s’impose !

62. C’est le nombre d’années que la Guinée a vécues depuis son non à la domination française. Six décennies déjà que les fils et filles du pays se sentent plus que jamais libres et dignes de leur destin. En ce 02 octobre 2020, beaucoup de citoyens se souviennent encore des moment forts de la période que l’on appelait de prise de conscience par le peuple africain. La Guinée a montré la voie aux pays de l’Afrique francophone pour l’indépendance. « A l’instar de tous les Guinéens qui aiment ce pays, ce jour est un jour mémorable, parce que rien ne vaut la liberté. C’est l’anniversaire de la proclamation de notre indépendance. Vous savez que notre pays a été colonisé pendant 60 ans. Moi j’ironise souvent en disant que les Africains ont toujours souffert et tout le temps. Nous nous avons été toujours victimes des brimades de la part des autres. Depuis l’esclavage, jusqu’à la traite des noirs et aujourd’hui nous sommes dans le néocolonialisme. Donc s’il y a dans mon cœur un remord, c’est surtout ça. Nos devanciers avaient les même sentiments. Ils ont dit pourquoi pas nous, pourquoi pas vivre libre, pourquoi ne pas être responsable de son destin », relate Honorable Demba Fadiga.
Tout acte humain epeut être doublement ou triplement interprété. Les années passées ont forcément laissé un bilan. Ce bilan est à la fois humain, économique, cultuel voire politique. Sur cet aspect de l’indépendance de la Guinée, l’ancien député donne son point de vue. « Les premiers moments qui ont suivi l’indépendance, nous avons été acteurs puisque nous avons été forgés à l’école de la révolution, avec les sentiments de fierté et d’égalité de tous les peuples. La prise de liberté a inculqué chez l’homme guinéen le sentiment d’égalité de tous les autres peuples. C’est ce qui a d’ailleurs amené les autres à rallier Conakry pour venir épauler notre jeune État à relever le défi. C’était un défi qui a été lancé. Puisque la France avait estimé qu’il fallait qu’on paie la rançon de notre gloire. Nous aussi nous avons estimé qu’il faut mériter ce choix. Et prendre nos responsabilités. Je dirai que le bilan est mitigé, il est très mitigé même. Parce que nous vivons les mêmes réalités et vous voyez cette fête se passe dans un calme total. Il est vrai que c’est une période de pandémie, mais nous devrions montrer que c’est ce jour nous avons pris notre destin en mains. Ce souvenir du jour mémorable devrait être fêté dans l’allégresse, dans la joie », ajoute M.Fadiga.

Quelle est la place de la nouvelle génération dans la consolidation des acquis de l’indépendance ?

Des jeunes ont aujourd’hui le flambeau de la paix en mains et ceux qui se battent tant bien que mal pour la consolidation des valeurs démocratiques et humaines, sont en majorité ceux qui n’ont pas connu Ahmed Sékou de son vivant. Cependant beaucoup se donnent aujourd’hui pour mission d’expliquer ou de faire valoir les racines de l’indépendance de la Guinée, comme le rappelle un autre analyste. « Aujourd’hui c’est une fête que nous partageons tous. C’est une fête nationale. Le regard que nous avons de 1958 à nos jours, c’est un regard citoyen. Une opinion d’un citoyen qui veille à la paix. De 1958 à 1984 c’est un moment pour nous de liberté, de libéralisation de nos forces. On a connu un régime mixte, à la fois révolution et démocratie populaire. Nous avons connu le multipartisme qui a donné une nouvelle force. De 1984 à 2008 nous avons connu le régime militaire et on est restés gouvernés par un groupe de militaires qui a conduit la Guinée vers le multipartisme, vers une ouverture démocratique. Ce regard critique est à la fois positif et négatif. L’homme qu’on appelle Sékou Touré n’a pas pu atteindre toute la vision qu’il avait. Il a pu mettre en place une éducation d’élite, une gouvernance éclairée. Mais de l’autre côté, c’est aussi le Camp Boiro. Il y a eu des victimes et ces victimes ou leurs parents continuent de réclamer », explique Souhaibou Fofana, acteur de la paix, représentant pays du groupe international de la paix et la sécurité en Afrique et la gouvernance démocratique. 

Mais s’il y’a un élément aujourd’hui sur lequel tous ces acteurs sont unanimes c’est la question de l’unité des Guinéens. Sur ce point, M. Fofana estime que c’est seule cette unité qui pourrait aider à sortir de la léthargie. « Non, Sékou n’a pas été le seul artisan de l’indépendance. A la rencontre de Brazzaville en 1944, la Guinée a été représentée par 12 Guinéens et Sékou n’y était pas. Il y avait d’autres qui ont concouru avec Sékou Touré. Il n’est pas le seul, mais plutôt tous les autres acteurs. C’est dommage qu’on fête de cette manière notre fête d’indépendance. L’éducation manque aujourd’hui à  la nouvelle génération », rappelle cet acteur de la société civile.

Aliou Diallo 

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