Le récent Rassemblement Général de la Police Nationale, tenu le 11 avril 2025 à Colèah, aura été bien plus qu’un simple rituel administratif et institutionnel. Il s’est imposé comme un moment fort, une prise de parole attendue, presque salutaire, du Général de Division Djénaba Sory Camara. À travers son discours matinal clair, ferme et sans complaisance, le Directeur Général a posé les jalons d’une nouvelle ère pour la Police Nationale : celle de l’éthique, de la responsabilité et de la reconquête de la confiance citoyenne.
Il faut saluer la lucidité et le courage d’un chef qui, loin de se réfugier dans une langue de bois bureaucratique, a choisi de regarder en face les travers de son institution. Dérives, abus, indiscipline : le tableau n’est pas reluisant, mais il est assumé. Et cette qualité est le premier pas vers la réforme conséquente. « Aucun manquement ne sera toléré », a-t-il averti, promettant des sanctions exemplaires.
Mais au-delà de l’avertissement, c’est un véritable appel à l’honneur que Général de Division Djénaba Sory a lancé à ses troupes. Il a rappelé la mission sacrée de la police : protéger, non brutaliser ; rassurer, non intimider. En remettant la déontologie au cœur de l’action policière, il cherche à reconstruire un pacte social abîmé, où chaque citoyen doit pouvoir voir en l’uniforme un allié et non une menace.
Le geste est fort, mais il ne sera crédible que s’il se traduit par des actes. Car la parole seule ne suffit plus. L’ouverture des canaux de signalement (117, 110), la saisine de l’Inspection Générale : autant de mécanismes de contrôle qui, s’ils sont appliqués avec rigueur, peuvent changer la donne. Encore faut-il qu’ils soient connus, accessibles, et surtout, efficaces.
La professionnalisation de la police est une exigence démocratique. Elle ne doit pas être perçue comme une faveur accordée au peuple, mais comme un devoir républicain. Dans un contexte où la paix sociale reste fragile, la police doit incarner la loi, pas l’arbitraire.
C’est à cette condition que l’institution pourra se redéfinir : non plus comme un corps en surplomb de la société, mais comme une force au service de la nation. Le chantier securitaire est certes immense, mais le ton est donné.
À présent, place à l’action.
Gassime Fofana