Les limogeages a répétition constituent, ces derniers temps, un véritable cauchemar pour des ministres guinéens. Chaque jour qui passe ajoute du suspense et de l’incertitude dans la tête des chefs de départements. Si certains partent sans crier gare, d’autres sont descendus de leur piédestal alors qu’ils ne séjournent pas au pays ou sont sur le terrain. Certes, personne ne discute ce pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat mais la méthode commence à agacer dans la cité.
Beaucoup y sont passés et d’autres pourraient s’y préparer. La Ministre des Affaires étrangères alors qu’elle était en route pour Maputo, le Ministre des sports alors qu’il passait ses vacances aux Etats-Unis, de même que pour la Ministre de l’Action sociale et plus récemment de la Ministre de l’Agriculture qui était en tournée en Moyenne Guinée. Le limogeage des ministres pendant qu’ils sont en mission ou de repos dans le pays ou ailleurs se multiple ces derniers temps en Guinée. « L’article 45 de la constitution donne légalement au président de la République le pouvoir de nommer ou de mettre fin à la fonction d’un cadre, rappelle Mamadi 3 Kaba, juriste et analyste politique. Il n’est soumis, poursuit -il, à aucune obligation légale. C’est comme un département, il peut en créer tout comme il peut en supprimer. Cela dépend de son avis« , explique-t-il.
Mais si cet article donne la force au Président de nommer et de démettre, c’est plutôt la manière dont les ministres sont limogés ces derniers temps et sa récurrence qui sont déplorées par plusieurs citoyens. » En terme de moral et de bonne image, on peut faire des remarques pour dire pourquoi attendre que le ou la ministre part en mission pour le ou la destituer alors qu’il/ qu’elle peut avoir des dossiers en instance? », s’interroge le juriste. Pour lui, ce geste présidentiel montre qu’il y a souvent de l’impréparation dans la prise de décision. Ainsi, Mamadi 3 Kaba estime qu' » en terme d’image et de bonne collaboration, la méthode raffinée serait que le ministre démissionne. C’est pourquoi aux Etats Unis, si on veut enlever un ministre, on lui demande de démissionner. Cela prouve qu’il part pas avec quelque honneur, avec un minimum de dignité et cela donne une bonne image au pays. Mais malheureusement, chez nous c’est pas le cas. C’est pourquoi quand on enlève un ministre, il se transforme en opposant radical. Parce qu’il estime qu’il a été quelque part mal récompensé. Et quand une personne est cueillie ainsi, ça peut frustrer« , fait-il remarquer.
Gassime Fofana