Le système éducatif guinéen, en particulier au niveau secondaire, est marqué ces dernières années par une insécurité croissante qui affecte la qualité de l’éducation ainsi que le bien-être des élèves et des enseignants. Que ce soit dans les établissements privés ou publics, l’insécurité scolaire est devenue un problème majeur, compromettant le bon déroulement des activités pédagogiques.
Selon Mamadouba Camara, enseignant, « aujourd’hui, on observe une baisse considérable du niveau de sécurité dans nos écoles et une montée inquiétante de la violence. Certains apprenants sont victimes d’agressions physiques ou verbales de la part de leurs camarades ou même de leurs enseignants. À l’inverse, des enseignants subissent également des agressions perpétrées par leurs propres élèves. »
Il poursuit en ajoutant que « la violence psychologique est aussi omniprésente, se manifestant par des injures et des humiliations entre élèves, entre élèves et enseignants, ou entre élèves et encadreurs. Cette situation engendre une atmosphère de peur et d’hostilité, compromettant la sérénité nécessaire à un apprentissage efficace. »
Une réponse stratégique et multidimensionnelle
Face à cette problématique alarmante, Mamadouba Camara insiste sur la nécessité d’une approche globale impliquant l’ensemble des acteurs du système éducatif. « Il est impératif d’adopter une stratégie de gestion non violente et de sensibiliser les enseignants aux spécificités et aux besoins des apprenants. Il faut également éduquer les élèves aux valeurs du respect, de la tolérance et du vivre-ensemble, tout en impliquant activement les parents dans cette démarche par le biais de formations sur des méthodes d’éducation pacifique et positive. »
Vers un cadre réglementaire renforcé
L’enseignant souligne également l’importance d’un cadre réglementaire clair et rigoureusement appliqué. « Si un code scolaire existe, il doit être strictement respecté. S’il n’existe pas, alors il est urgent d’en élaborer un. Ce code devrait définir les règles de conduite à adopter face aux actes de violence et encadrer les comportements des élèves, enseignants et encadreurs. »
Parmi les autres solutions proposées par cet enseignant, on retrouve :
La création de comités de vigilance composés d’élèves, d’enseignants et de parents afin de surveiller l’environnement scolaire et prévenir les incidents.
L’aménagement d’espaces d’écoute et de dialogue, où les élèves pourraient exprimer leurs préoccupations auprès de psychologues et d’éducateurs spécialisés.
La promotion de l’apprentissage collaboratif, visant à encourager l’entraide et à limiter la compétition malsaine entre élèves.
L’adoption de méthodes pédagogiques bienveillantes, favorisant les encouragements plutôt que les humiliations et les punitions corporelles, qui génèrent souvent plus de frustration que de motivation chez les apprenants.
Un défi éducatif majeur
L’insécurité scolaire représente aujourd’hui un défi de taille pour les acteurs de l’éducation en Guinée, car sa progression menace l’avenir de nombreux élèves. L’incident récent survenu à l’école Sainte-Marie de Nongo, en est une illustration dramatique : un élève a ouvert le feu à l’aide d’une arme, blessant deux de ses camarades.
Cet événement souligne l’urgence d’une action concertée pour restaurer un climat de confiance et de sécurité dans les établissements scolaires guinéens. Une approche éducative axée sur la prévention et le dialogue semble être la clé pour endiguer ce phénomène inquiétant et garantir un environnement propice à l’apprentissage.
Gassime Fofana