En Guinée, de la capitale à l’intérieur du pays, l’accès à l’eau potable relève d’un véritable défi quotidien pour les citoyens de ce pays. Face aux insuffisances de la politique publique, les pratiques privées comme la réalisation des forages non contrôlés se multiplient chaque jour , avec des conséquences graves sur l’environnement.
Malgré ses nombreuses rivières et nappes souterraines, le gouvernement peine toujours à garantir un accès stable et sûr à l’eau potable pour ses populations. À Conakry comme dans de nombreuses préfectures, la distribution d’eau est irrégulière, limitée voire inexistante. Cette défaillance oblige les citoyens à se tourner vers des solutions alternatives, principalement les forages privés.
Des pratiques anarchiques aux conséquences invisibles mais graves
La prolifération de ces forages domestiques s’effectue sans encadrement technique ni évaluation des risques. Or, ce forage incontrôlé des nappes phréatiques entraîne plusieurs conséquences à la fois écologiques et climatiques dont l’appauvrissement rapide des eaux souterraines, menaçant la disponibilité future de l’eau, l’infiltration des eaux usées ou hydrocarbures dans des réserves d’eau, la fragilisation du sous-sol, qui peut également provoquer des fissures des habitations, la modification des régimes climatiques à long terme. « L’eau souterraine est une ressource invisible, mais pas inépuisable. Sa gestion exige rigueur et prévoyance », rappelle un expert en hydrogéologie.
Une régulation absente ou inefficace
En Guinée, le vide juridique et l’absence de contrôle rigoureux ont ouvert la voie à une gestion incontrôlée de cette ressource vitale. Les forages se font souvent sans autorisation des autorités compétentes, sans études environnementales, ni coordination avec les autorités locales. Ce manque de gouvernance alimente un désordre qui menace la durabilité de la ressource du sol et du sous-sol.
A chaque mal, un remède !
Face à ces installations anarchiques de forages, et en conséquence, prévenir un effondrement écologique et sanitaire, plusieurs mesures doivent être activées dont : l’instauration d’une législation claire, des permis obligatoires, et des études d’impact environnemental avant tout forage, dotation des communes en moyens de surveillance et d’autorisation pour les installations d’eau privées, investissement dans la réhabilitation des réseaux de distribution de la Société des Eaux de Guinée ( SEG) pour réduire la dépendance aux solutions individuelles, vulgariser les campagnes de sensibilisation sur les risques écologiques et climatiques liés aux forages non encadrés et réglementés, pour ne citer que celles-ci.
Par ailleurs, il est à rappeler que la crise de l’eau en Guinée ne se limite pas à une pénurie technique. Elle interroge en profondeur les choix de gouvernance, la planification urbaine, et la capacité de l’État à protéger ses ressources vitales. Entre urgence sociale et péril écologique, le pays est confronté à un choix crucial : continuer dans l’anarchie ou bâtir une gestion responsable de l’eau pour les générations futures.
Gassime Fofana