La capitale guinéenne est devenue le carrefour de plusieurs produits alimentaires. Importés ou pas, la plupart de ces produits sont périmés. Malgré tout, ils font toujours l’objet de vente dans les marchés de la capitale et à l’intérieur du pays. Au grand dam de la santé des populations.
Ce sont des boîtes de conserve et même parfois des denrées de première nécessité. Ils attirent les populations alors qu’au fond plusieurs d’entre eux ne répondent pas aux normes. C’est la triste réalité des marchés de Conakry et de l’intérieur du pays, tous qui écument de produits périmés en cette période de pénitence. Une situation que certains imputent à l’Etat. « C’est la faiblesse ou la complicité de certaines autorités en charge notamment le ministère du commerce qui ne prend pas des mesures durables contre ce phénomène. Les marchés grouillent produits alimentaires périmés et l’on fait comme si de rien n’était», accuse Mohamed Sylla, ingénieur agronome de profession.
Pourtant, il y a quelques mois, le ministère du commerce et le secrétariat général à la Présidence guinéenne chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et le crime organisé, ont intensifié la lutte contre les produits périmés. La campagne a permis de saisir et d’incinérer plusieurs tonnes d’aliments prohibés. Malgré ces initiatives et même l’existence d’une loi qui interdit la vente des produits périmés sur les marchés guinéens, la pratique perdure.
La corruption, comme facteur d’amplification
Pour certains, si le commerce des produits périmés persiste encore, c’est parce que certains commerçants et importateurs profitent du niveau de corruption dans le pays pour envoyer des produits alimentaires des autres pays. « Dans la sous-région, la Guinée était l’un des pays les plus stricts en contrôle surtout des produits alimentaires. Ports, aéroports ou frontières terrestres, tous les aliments qui devraient rentrer dans le pays devraient passer par des services de contrôle de l’Etat avant d’être injectés sur les marchés, mais aujourd’hui, ces services de contrôle n’existent que de nom parce que la corruption a tout emporté sur son passage », se souvient cet ancien agronome de la Brigade Mécanisée de la Production(BMP) pendant la Révolution.
La santé des populations de plus en plus menacée
Pourtant, la consommation des produits alimentaires périmés n’est pas sans conséquence sur la santé des citoyens. « Lorsque certaines personnes absorbent de tels produits alimentaires, cela conduit à de graves effets comme l’élévation de la température qui peut ensuite entraîner des maladies telle l’hyper tension artérielle », explique Jacques Manimou, médecin qui ajoute que « si on consomme des aliments périmés, on risque des toxi-infections alimentaires qui se manifestent principalement par la fièvre, la diarrhée, des vomissements…et qui, en général, apparaissent dans les heures qui suivent le repas ».
Pour lui, il incombe plus que jamais à l’Etat de prendre ses responsabilités, de durcir le ton et d’engager des politiques adéquates en vue de vérifier, filtrer tout produit alimentaire qui entre en Guinée. Il y va de la santé des citoyens et de la crédibilité de leurs dirigeants.
Gassime Fofana