Les autorités guinéennes ont lancé ce mercredi avec faste la deuxième édition de la semaine nationale de la citoyenneté et de la paix à Conakry. Sept jours pour expliquer aux populations les bien-fondés de ces notions pour la construction d’une société stable et civilisée. Mais pour un Jurisite, il faudra une réelle conjugaison d’efforts pour réussir le pari.
La problematique de la citoyenneté est plus que jamais au coeur des activités des autorités guinéennes. Mais le constat reste toujours et encore à désirer. Car le niveau du civisme est très faible dans le pays. « D’abord le citoyen est une personne qui jouit pleinement de ses droits et qui s’acquitte de ses devoirs. Vous savez, les droits et les devoirs sont les deux faces d’une même lame. C’est-à-dire la loi qui nous accorde des droits, c’est la même loi qui nous assujetit à des obligations. Donc le vrai citoyen est cette personne qui jouit de ses droits, mais s’acquitte de ses devoirs« , explique Mamadi 3 Kaba, juriste. Pour lui, la citoyenneté est en phase de construction en Guinée. « Je dirais que nous sommes au début d’un processus parce qu’aujourd’hui, nous sommes prompts à réclamer nos droits, mais il faut une contrainte ou coercition jusqu’à ce qu’à un certain moment, l’on s’acquitte de nos devoirs« . Pour l’accomplissement de ces devoirs et la réalisation de la citoyenneté, Mamadi 3 Kaba estime que la notion de citoyenneté se heurte à une panoplie de problèmes. D’abord, il y a la tradition, c’est-à-dire le passé que « nous avons. Notre démocratie est assez récente ». Ensuite, il y a la famille elle-même. « Comme on dit, la famille est la cellule de base de la société. Donc elle-même a des devoirs à accomplir, ceux par exemple d’éduquer les enfants parce qu’on apprend à être citoyen, personne ne naît citoyen« . Le juriste explique ensuite que l’école a aussi un grand rôle à jouer dans ce processus parce que, selon lui, le constat est que l’école guinéenne forme beaucoup plus qu’elle n’éduque. « Ne soyons pas surpris de voir un élève qui ne se met pas en rang pour rentrer en classe. Il ne fera pas le rang lorsqu’il est à un arrêt de bus ou devant un service public parce qu’il n’est pas habitué à observer cette attitude« , fait-il remarquer avant d’ajouter que l’analphabétisme ne peut non plus pas empêcher la citoyenneté parce que pour lui, certes une personne peut ne pas bénéficier de l’intruction, ou de la formation, mais cela ne signifie pas qu’elle est bête. « Vous pouvez voir un cadre qui n’est pas un citoyen parce qu’il ne respecte pas les files dans la circulation. Mai vous pouvez voir un cultivateur qui respecte cet ordre. Donc ce sont de bonnes pratiques et attitudes qui font de l’individu un bon citoyen« , conclut-il.
Gassime Fofana